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Notre Gordon Bennett en 2005

Albuquerque, Nouveau Mexique

 

La poussière retombe et nous commençons à mettre nos notes au propre.

Nous sommes satisfaits de notre compétition. Nous nous sommes classés 8e sur 14 équipes. Nous ne nous sommes pas pris trop tôt pour trouver un ballon, mais celui que nous avons eu a assez bien fonctionné malgré une petite perte de gaz. Ce ballon n’était pas poreux, mais il y a eu un oubli lors du gonflement : l’appendice d’urgence n’a pas été sécurisé et la corde s’est entremêlée avec le filet, ce qui a provoqué une ouverture de la grandeur d’une pointe de tarte près du bas du ballon.

Nous avons décollé vers dix-neuf heures et, lentement, nous nous sommes dirigés vers l’est pour passer un peu au nord de Sandia Peak. L’équipe belge Berben/Siméon, la gagnante de cette année, nous a salués en vol.

Bien que nous ayons consommé beaucoup de sable la première nuit (16 sacs), à cause de la fuite dans le bas du ballon, le reste du vol s’est bien passé au point de vue de la consommation. Au levé du jour, les vents ont augmenté pour rester très fort (en moyenne 70 Km/h) jusqu’au coucher du soleil. Vers midi, nous avons croisé notre équipe de poursuite sur la route, mais malheureusement, nous avons perdu la communication vers quatorze heures. Nous n’avons plus été en mesure de leur parler du reste du vol. Il n’y avait pas de couverture cellulaire dans ces régions et l’antenne de la radio du véhicule avait été arrachée accidentellement. Nous avions bien un téléphone satellite, mais eux n’en avaient pas. Nous avons rapidement survolé le Texas, l’Oklahoma, le Kansas et le Nebraska, pour arriver en Iowa au début de la nuit suivante. Nous avons croisé Wilhem Eimers de Duisburg en Allemagne, un des meilleurs compétiteurs, mais peu de temps après, il nous a repassé en montant plus haut. Il s’est finalement classé 2e.

Au début de la deuxième nuit, les vents sont restés à environ 50 Km/h, mais ont légèrement diminué au sol. Les stations automatiques des aéroports nous donnaient des vents du sud à plus ou moins 30 Km/h. Comme nous n’avions plus de contact avec notre météorologue qui était dans le véhicule de poursuite, nous avons pris les informations météo de la station d’information de vol. On nous mentionnait qu’il y aurait un front provenant du Manitoba, en direction sud-est, dont la partie du bas se situerait à Duluth entre dix et quatorze heures, heure locale. Vers deux heures du matin, nous sommes arrivés un peu à l’ouest de Minneapolis, MN. Notre vitesse et notre direction devaient nous amener au-dessus du Lac Supérieur deux heures avant le lever du soleil, mais comme nous n’avions pas assez de précision sur ce front, nous avons décidé de perdre de l’altitude pour ralentir et tourner un peu à gauche, afin d’être au sud-ouest du lac Supérieur au lever du soleil. Le reste de la nuit s’est déroulé à moins de 1000 pieds du sol. L’humidité a augmenté et la visibilité diminué, mais tout a bien été. Nous avons dû délester légèrement, mais régulièrement, sans doute pour compenser le poids des gouttelettes d’eau que nous avions accumulé sur l’enveloppe et le filet du ballon.

Le jour s’est levé alors que nous étions à 150 pieds du sol avec une visibilité de 2 miles et le vent est tombé à moins de 10 Km/h. Nous avons tourné vers la droite, puis nous sommes remontés, mais nous sommes entrés dans les nuages à 700 pieds sans toutefois gagner de la gauche. Il ne nous restait qu’à atterrir. Nous avons fait une approche au dessus des arbres et passé un petit lac. C’est alors que nous avons vu un beau champ de culture. Avec notre vitesse si faible, maintenant de 5 Km/h, il allait être facile de toucher le sol, juste au début du champ, en frôlant les arbres. J’ai laissé tomber la corde de manœuvre et cela a fait ce que nous voulions. J’ai même dû utiliser la soupape, car nous ne touchions pas à terre, la corde étant dans les arbres.

Au moment où nous avons touché, la pluie a commencé. Nous nous sommes abrités comme nous pouvions; l’eau de toute la surface du ballon nous tombait dessus. Nous avons communiqué avec les gens du centre de contrôle qui savaient où nous étions puisqu’ils nous voyaient avec la position du « tracker ». Notre équipe de poursuite allait être ici dans trois heures. Une demi-heure après notre atterrissage, un bon coup de vent nous a forcés à dégonfler le ballon à la pluie. C’est là que nous nous sommes rendu compte que nous étions dans un marécage. La végétation était si régulière que nous l’avions prise pour des céréales dont la dernière coupe n’aurait pas été faite. En fait, nous pouvions y marcher assez facilement, mais si nous restions sur place plus d’une minute, nous enfoncions dans l’eau jusqu’aux chevilles. Nous étions à environ un kilomètre d’une maison, mais nous avons mis 30 minutes pour nous y rendre. Les gens nous ont bien accueillis et nous ont donné un vrai bon coup de main avec leur VTT pour récupérer tout l’équipement. Il nous a fallu 2 jours pour retourner à Albuquerque. L’équipe de poursuite a parcouru 4800 kilomètres en 4 jours et demi.

Danielle Francoeur et Léo Burman


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